Moi, je, Février​ 2022
Installation audiovisuel, 3 vidéoprojecteurs, vidéo couleur 16/9, 14’.


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Dans le silence, on ne sait pas, mais dans le silence, est-ce que nous ne savons pas tout ? Est-ce que dans le silence, finalement, nous n’avons pas toutes les réponses que nous cherchions ? Durant ces longs silences tout peut être dit, pensé sans même que les autres ne le perçoivent. C’est dans ces silences que les dialogues les plus profonds et intenses réflexions se font. Ici, nous sommes invité.e.s à nous immerger dans un dialogue intérieur de l’artiste. Dans cette oeuvre, Armonie Guillaume nous offre une discussion avec soi-même. Qui sommes-nous pour nous ? Tiraillements internes et questions de genre, l’artiste nous propose un échange entre elle et elle, mais aussi nous, le public. La mise en scène de ces trois projecteurs dans cette salle nous englobe, nous enferme avec Armonie dans sa tête, dans son discours. Le plan proposant l’artiste face caméra vient nous percuter et nous remettre en question. Elle crée comme une sorte de lien entre elle et le public grâce à ses paroles qui vient impacter la personne se trouvant dans l’espace de l’oeuvre. L’artiste se permet de questionner le public sur sa place dans le monde et la possibilité de reprendre possession de soi. Loin des nouvelles technologies omniprésentes, Armonie Guillaume revient à une expérience plus primaire : celle de se questionner à travers sa conscience. Elle donne la possibilité à sa personne, mais aussi à celle du public de réfléchir à qui sommes-nous vraiment et de redevenir acteur de son corps et de sa conscience. L’artiste agit comme un déclencheur pour nous déconstruire pour se reposséder et reprendre notre place dans ce monde. 
Armonie Guillaume fait de son oeuvre, MOI, je, une discussion à la fois privée et publique, elle réalise des retours entre elle et le public. Le texte écrit entièrement par cette dernière soulève dans sa manière d’être récité un effet décousu qui peut susciter au départ un sentiment de déroutement, s’adresse-t-elle à nous ? À elle ? À celle qui reste inerte durant la vidéo ? Cette part d’absurdité et de rendu à première vue désorganisé est un clin d’oeil au mouvement de l’Absurde comme la ligne de conduire artistique de l’artiste. Elle aime utiliser l’absurde, le non-sens pour traiter des sujets intimes et sociales afin de trouver une réaction des spectateurs. Le titre de l’oeuvre, MOI, je, est tout autant une façon de s’affirmer, de se recentrer sur son soi intérieur, mais cela aussi une manière d’intégrer ce spectateur. Puisqu’en lisant le titre, ce n’est pas l’artiste qui représente ce « moi, je », mais bien le spectateur lui-même. Nous pouvons noter comme un transfert, un jeu entre être acteur/ spectateur.

Dans le silence, seuls, nous sommes face à une immensité de réflexions. Notre corps impassible et silencieux est l’écrin d’un monde intérieur agité aux pensées qui fusent, qui forment à la fin un récit dénouer de sens, tout s’entrechoque. Finalement, avons-nous vraiment les réponses à nos questions dans ce chahut ? Ne faut-il pas libérer la parole et briser le silence pour avoir la chance d’avoir une réponse ? Cette oeuvre minimaliste jouant et alternant entre phrases et silences reflète un moment bruyant et agité. Dans le silence on ne sait pas, la parole doit être brisée. L’artiste nous accorde un moment à la fois solitaire et de cohésion. Elle bouleverse tout ce que nous pensions savoir sur nous jusqu’à présent. La mise en scène monumentale et le monologue d’Armonie Guillaume sont une expérience interne pour ceux qui apprécient les silences révélateurs et les remises en question saisissantes. 



Texte écrit par Mélina Douet



​(English)
Me, I, February 2022


Audiovisual installation, 3 video projectors, 16/9 color video, 14’.
In silence, we do not know, but in silence, don't we know everything? Do we ultimately not have all the answers we were looking for in silence? During these long silences everything can be said, everything can be thought without others even perceiving it. It is in these silences that the most profound dialogues and intense reflections take place. Here, we are invited to immerse ourselves in an inner dialogue of the artist. In this work, Armonie Guillaume offers us a discussion with ourselves. Who are we for ourselves? Internal tensions and gender questions, the artist offers us an exchange between her and her, but also us, the public. The staging of these three projectors in this room encompasses us, locks us in with Armonie in her own head, in her own speech. The shot showing the artist facing the camera hits us and calls us into question. She creates a kind of link between herself and the public thanks to her words which impacts the person staying in the space of the work. The artist allows herself to question the public about his place in the world and the possibility of regaining possession of oneself. Far from the new omnipresent technologies, Armonie Guillaume returns to a more primary experience: the one of questioning oneself through one's consciousness. She gives the opportunity to herself, but also to the public, to reflect on who we really are and to once again become an actor of our body and our consciousness. The artist acts as a trigger to deconstruct us in order to recover and regain our place in this world.

Armonie Guillaume makes of her work, ME, I, a discussion that is both private and public, she creates feedback between herself and the public. The text she wrote entirely on her own creates a disjointed effect in the way it is recited which can initially arouse a feeling of confusion. Is she addressing us? To her? To the one who remains inert during the video? This element of absurdity and rendering that appears disorganized at first glance is a nod to the Absurd movement as the artist's artistic guideline. She likes to use the absurd, the nonsense to deal with intimate and social subjects in order to find a reaction from the spectators. The title of the work, ME, I, is as mostly a way of asserting oneself, of refocusing on one's inner self, but it is also a way of integrating this spectator. Since reading the title, it is not the artist who represents this “me, I”, but rather the spectator himself. We can note as a transfer, a game between being actor/spectator.
In silence, alone, we are faced with an immensity of reflections. Our impassive and silent body is the setting for a restless inner world with flowing thoughts, which in the end form a story unraveling with meaning, everything colliding. Finally, do we really have the answers to our questions in this hullabaloo? Shouldn’t we free up speech and break the silence to have the chance of having an answer? This minimalist work playing with and alternating between sentences and silences reflects a noisy and agitated moment. In silence we do not know, speech must be broken. The artist grants us a moment that is both solitary and cohesive. It turns everything we thought we knew about ourselves until this moment upside down. The monumental staging and monologue of Armonie Guillaume are an internal experience for those who appreciate revealing silences and striking questions.


Text written by Melina Douet



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